La littérature scientifique indique que les difficultés conjugales sont relativement fréquentes. En thérapie de couple, il n’est pas rare que le conjoint (ou la conjointe) soit perçu comme la source des difficultés conjugales. Avec une telle perception, souhaiter que son partenaire change est une avenue rapidement envisagée par certains pour améliorer la relation conjugale. Cela implique des demandes de changement dans les comportements (ex, passer plus de temps ensemble, communiquer davantage) ou dans les caractéristiques personnelles du partenaire (ex, être moins anxieux, être moins froid).
Comme thérapeute, il est important d’évaluer avec précision le changement désiré. Est-il réaliste?
De plus, il apparaît important de sensibiliser les partenaires aux erreurs d’attribution. Ce type d’erreur implique de définir entièrement une personne à partir d’un comportement (par ex, dire de quelqu’un qu’il est paresseux parce qu’il n’a pas ramassé sa vaisselle du dîner). Est-ce que le changement demandé découle d’une erreur d’attribution ou d’une difficulté réelle chez l’autre?
Il apparaît aussi important de renseigner les partenaires sur le changement. En sachant que la personnalité et le style d’attachement sont relativement stables, il est difficile pour tous de changer.
Par contre, il a été démontré que le changement est possible lorsque le contexte environnemental est différent. Par exemple, l’attachement peut se modifier à travers des évènements relationnels majeurs comme le mariage, la vie amoureuse au quotidien. De plus, la génétique joue un rôle important dans la définition de qui nous sommes. Autrement dit, une personne anxieuse présente des gênes qui l’amènent à être ainsi. Rappelons-nous que personne ne peut contrôler sa génétique… Nous pouvons apprendre à mieux gérer notre anxiété, mais nous demeurerons une personne relativement anxieuse si nos gènes nous prédisposent à cela.
En connaissance de ces éléments, il est important de soutenir le changement au sein de la dynamique du couple plutôt qu’au sein d’un seul partenaire. Comme thérapeute, nous encourageons les partenaires à vivre de nouvelles expériences, à développer des perceptions ou des interprétations différentes, à changer le contexte environnemental en fonction des difficultés rencontrées (ex, déménagement).
Maintenant que nous avons changé ce qui peut l’être, il est important aussi de travailler à accepter ce qui ne peut l’être au sein de la relation.
D’après l’article de: Sullivan, T. K., Davila, J. (2014). The problem is my partner: treating couples when one partner wants the other to change. Journal of Psychotherapy Integration 24, (1), 1-12.